© Pieter Hugo, “Emeka Onu. Enugu, Nigéria”, 2008 (da série "Nollywood").
Cortesia STEVENSON, Cidade do Cabo e Yossi Milo, Nova Iorque
Amanhã, dia 18 de Novembro (6f), das 14h às 18h, repetem-se no Théâtre de la Ville de Paris as GRANDES LIÇÕES apresentadas ontem na sede da Fundação Calouste Gulbenkian pelo Programa Gulbenkian Próximo Futuro, fruto de uma co-produção que também envolve o Programa Gulbenkian de Ajuda ao Desenvolvimento, a Casa da América Latina (Lisboa), a CML, a Embaixada do Peru e a ACEP.
Às 19h, também no Théâtre de la Ville de Paris, inaugura a mais recente exposição do fotógrafo sul-africano Pieter Hugo (recém-galardoado com o grande prémio "Seydou Keïta" dos Encontros de Bamako), intitulada "Nollywood", com curadoria de António Pinto Ribeiro e Federica Angelucci.
Aproveitamos para disponibilizar todas as sinopses e biografias em francês:
GRANDES LEÇONS
GUSTAVO FRANCO
Indices du bonheur, actuel et futur, au Brésil: aspects conceptuels et déterminants économiques
Les problèmes d’ordre conceptuels inhérents aux indicateurs subjectifs du bonheur, qui ont récemment suscité une vaste production bibliographique dans le milieu académique, remontent aux origines-mêmes de la discipline. Ceci étant les progrès intervenus ces dernières années à la croisée entre économie et psychologie ainsi que le développement de ladite ‘économie expérimentale’ ont ouvert de nouvelles avenues visant l’élaboration et l’usage de ces indicateurs-là, qu’il s’agisse d’exploiter ou d’établir de nouveaux caps pour les politiques publiques. Dans le cadre de ce nouveau domaine de recherche se posent certaines questions primordiales, à savoir le rapport entre le niveau des revenus, ou plus généralement l’essor économique, et les indices du bonheur actuel et futur de divers pays. Plusieurs paradoxes existent à l’égard de ce rapport, l’un d’eux revient systématiquement dans bon nombre de recherches et concerne le résultat empirique selon lequel le progrès matériel a une influence aussi petite que restreinte lorsqu’il s’agit de définir le degré du bonheur. C’est sur cet axe qu’apparaissent les questions à propos du PIB et son taux de croissance comme étant l’objectif majeur des politiques publiques, probablement au détriment d’autres dimensions de la vie en société. Toutefois, les chiffres relatifs au Brésil suggèrent que nous fassions une lecture prudente de ces paradoxes; il serait peut-être prématuré d’abandonner les indicateurs strictement économiques de l'affluence. Bien qu’il s’agisse d’un pays émergent à revenu moyen, l’indice du bonheur actuel, mesuré de façon systématique par Gallup Poll, se situe dans le premier quart de la distribution globale et l’indice du bonheur futur du Brésil occupe le premier rang à l’échelle mondiale depuis cinq ans. Les résultats brésiliens, tout comme leurs déterminants, fournissent un excellent point de vue pour un débat plus ample sur le sens, la portée et les répercussions des indices du bonheur dans une optique de politiques publiques et des calculs qui en découlent.
Gustavo H. B. Franco est à la fois membre du Conseil d’administration de la Banque Daycoval (conseiller indépendant) et de celui de Globex Utilidades S/A. De nationalité brésilienne, il a terminé ses études universitaires, filière Economie, à la PUC – Pontifícia Universidade Católica de Rio de Janeiro en 1982, puis a enchaîné sur des 3ème cycles à l’université d’Harvard : M.A. (1985) et Ph.D (1986). Entre 1986 et 1993, il a non seulement enseigné mais encore fait de la recherche et du conseil spécialisé en questions économiques – inflation, stabilisation et économie internationale. Dans le service public, il a ensuite occupé plusieurs postes de 1993 à 1999 : au ministère des Finances en tant que secrétaire-adjoint chargé de Politique économique ; directeur aux Affaires internationales et président de la Banque centrale du Brésil. Parmi ses maintes activités, il a joué un rôle primordial dans le cadre du plan Real ; en formuler les termes, le rendre opérationnel et assurer son administration. A l’issue d’une année sabbatique (1999), il a fondé Rio Bravo Investimentos (2000), une société d’investissements qui correspond aujourd’hui à son activité principale. Il appartient aussi à plusieurs conseils d’administration et consultatifs et est régulièrement sollicité dans le but d’intervenir dans l’évènementiel d’entreprises.
BENJAMIN ARDITI
Le devenir-autre du politique: Notre futur proche s’inscrit dans le post-libéralisme et la politique virale
Je proposerais deux critères permettant de sous-tendre le devenir-autre du politique. L’un vient du fait que nous opérions d’ores et déjà dans un cadre post-libéral compte tenu du dépassement de deux piliers du libéralisme; d’abord parce que le politique va au-delà de la représentation électorale et déborde les frontières territoriales de l’Etat souverain, ensuite quoique les personnes ne se connaissent pas les unes les autres elles peuvent agir de concert sans avoir à solliciter en permanence les structures de commandement propres aux partis politiques et aux mouvements sociaux. A propos des systèmes ouverts ayant multiples points d’accès, l’image du rhizome de Deleuze montre comment penser ce genre de coordination. J’y ferai appel pour parler de la connectivité virale et de la politique virale qui se nourrissent des nouveaux média. J’examinerai ces deux indicateurs du devenir-autre du politique en évoquant brièvement une série d’insurrections, de l’argentin “Qu’ils s’en aillent tous, qu’il n’en reste aucun” à plusieurs autres mouvements qui ont vu le jour cette année-ci: les étudiants chiliens; les révoltes en cours, au Maghreb, et le M-15, en Espagne. Quel qu’en soit le dénouement, j’ai le sentiment que ces insurrections renvoient aux «médiateurs disparaissants» dont parle Fred Jameson; en quelque sorte des médiateurs qui font office de symptôme de l’émergence de notre devenir-autre. Pour terminer, je ferai une ébauche de la politique virale et chercherai à en évaluer les pour et les contre.
Benjamin Arditi est professeur d’Etudes politiques à l’université nationale autonome du Mexique (UNAM). Il a fait son doctorat de 3ème cycle à l’université d’Essex, au Royaume-Uni. Professeur près les universités Santa Catarina (Brésil), Maryland (Etats-Unis) et d’Essex (RU), il a également été invité à dispenser des cours auprès des universités d’Edimbourg et de Saint Andrews (Royaume-Uni). Au Paraguay, il est à la fois directeur de recherche au sein d’une ONG, journaliste et activiste. Après la chute de Stroessner, il y a lancé une campagne d’éducation civique à l’échelon nationale. Son dernier ouvrage en date s’intitule “Politics on the Edges of Liberalism. Difference, Populism, Revolution, Agitation” (Edimbourg, 2007) et il est encore le coéditeur de «Taking on the Political», une série d’ouvrages ayant trait aux questions politiques continentales encore que publiées par les éditions Edinburgh University Press. Son travail le plus récent porte sur le devenir-autre du politique, en particulier le post-libéralisme, la politique virale et la post-hégémonie.
SERGE MICHAILOF
Une planète déboussolée : Que peut faire l’aide au développement ?
L’opinion publique de nos sociétés aisées n’a toujours pas saisi que les pays riches ne maîtrisent plus les changements de fond qui interviennent dans le monde en développement. Notre planète étant devenue un village global, les secousses démographiques et environnementales aussi bien du côté des pays les plus pauvres que de celui des économies émergentes du Sud auront dorénavant des répercussions sur le confort, le mode de vie et les croyances du Nord. Les tensions s’érigent dans beaucoup de régions où la misère et les frustrations bouillonnent. Il est essentiel de comprendre pourquoi l’aide a, la plupart du temps, échoué dans les Etats fragiles surtout si l’on veut éviter qu’une spirale vers le bas s’étende de la Corne de l’Afrique jusqu’en Afrique centrale. A ce propos, bâtir des institutions étatiques fortes est de mise ; toujours est-il que cet objectif n’est pas à la portée des interventions militaires extérieures et n’a jamais été une priorité de l’assistance humanitaire ni développementale, trop centrée sur la bienfaisance à court terme plutôt que sur la durabilité à long terme. Dans un contexte où l’épuisement des ressources de la planète prend une ampleur sans précédents, les organismes liés à l’aide au développement peuvent devenir d’importants partenaires dans le but d’aider aussi bien les pays riches que les pays émergents à cogérer ces questions cruciales et à mettre en œuvre des stratégies de partage plus astucieuses. Tandis que nous affrontons un monde plus instable, une nouvelle approche de l’aide au développement fondée sur les intérêts communs du Nord et du Sud est non seulement envisageable mais surtout indispensable.
Serge Michailof s’est impliqué dans les problèmes de développement depuis 1968. Il enseigne actuellement à Sciences Po Paris un cours sur l’aide publique au développement. Il est consultant régulier pour la Banque Mondiale et diverses autres institutions d’aide sur les pays en développement et les problèmes de « post-conflit ». Il s’est tout particulièrement spécialisé dans les questions institutionnelles liées à la reconstruction des appareils d’Etat. Il est en outre conseiller auprès de plusieurs gouvernements. Michailof a fait ses études en France (MBA à HEC - École des Hautes Études Commerciales, licence de sociologie et doctorat d’économie) et aux Etats-Unis (MIT). Il a publié et/ou dirigé cinq livres ”Notre maison brûle au Sud - Que peut faire l’aide au développement? ” (Fayard, 2010) ”A quoi sert d’aider le Sud?” (Economica, 2006), ”La France et l’Afrique” (Karthala, 1993), ”Les apprentis sorciers du développement”», (Economica, 1987), et avec Manuel Bridier le ”Guide pratique d’analyse de projets d’investissements” (Economica, 5ème édition, 1995), un ouvrage didactique bien connu. Il est également l’auteur de nombreux articles portant sur des questions de développement.
Serge Michailof est administrateur du CIAN - Conseil des investisseurs en Afrique noire. La France lui a octroyé les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur et de l’ordre du Mérite, et le Sénégal celles de l’ordre du Lion.
ELIKIA M'BOKOLO
Que sera l’Afrique dans le future proche?
L’Afrique inquiète les uns, effrayés, à tort ou à raison, par la perspective de hordes migratoires emportées par une course folle vers les paradis consuméristes de ‘l’ Occident’ ou du ‘Nord’, c’est selon. L’Afrique en réjouit aussi plus d’un, au spectacle de ces corpulences irrésistibles dans toutes sortes de compétitions sportives comme à l’audition de ces airs et de ces rythmes si lointains, si étranges et, en même temps si familiers, comme s’ils étaient attendus. Une chose est sûre: l’Afrique interroge, l’Afrique interpelle, l’Afrique trouble. L’Afrique, mais quelle Afrique ? Mon regard sur le futur proche de l’Afrique est celui d’un Africain qui connaît l’Afrique pour y vivre, pour l’étudier et pour y créer, qui connaît aussi le monde pour les mêmes raisons et pour qui l’imagination, la volonté, pourquoi pas le rêve, appuyés sur une observation scrupuleuse sont ensemble la meilleure clé pour rendre réel le possible et pour ouvrir les portes d’un avenir inattendu, meilleur que notre présent. Régénération, renaissance ? Si l’effervescence religieuse indique la vigueur des attentes et si la créativité artistique témoigne de la multiplicité des possibles, c’est néanmoins au prix d’une auto-invention ou réinvention intellectuelle et morale que les Africains assumeront de manière novatrice la lourdeur des défis que laissent deviner les temps présents.
Elikia M’Bokolo, agrégé de l’université normalien, est directeur d‘études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et professeur à l’Université de Kinshasa. Auteur de nombreux ouvrages de référence, il produit pour Radio France Internationale l’émission hebdomadaire “ Mémoire d’un Continent”, consacrée à l’histoire de l’Afrique et de ses diasporas. Parmi ses oeuvres écrites et audiovisuelles les plus récentes “Afrique noire. Histoire et civilisations” (2005), “Médiations africaines. Omar Bongo et les défis diplomatiques d’un continent” (2009), “Afrique. Une histoire sonore, 1960-2000” (avec Philippe Sainteny, 2001), “L’Afrique littéraire. Cinquante ans d’écriture” (avec Philippe Sainteny, 2008), “Africa : 50 Years of music. 50 ans d’indépendances” (2010), “Afrique(s). Une autre histoire du XXe siècle” (film documentaire, 4 x 90’, d’Elikia M’Bokolo, Philippe Sainteny et Alain Ferrari, 2010).
PIETER HUGO
« Nollywood »
Dans la série de photos intitulée “Nollywood”, Pieter Hugo relève le rôle du photographe sur le plan de l’interaction entre fiction et réalité.
Deuxième puissance cinématographique au monde en nombre de films depuis 2009, devant les États-Unis (Hollywood) et dépassant l'Inde (Bollywood), le Nigéria lance chaque année environ 2000 films vidéos sur le marché, d’où le terme “Nollywood”.
Une telle abondance advient des conditions de production aux contours effarants pour la plupart des réalisateurs occidentaux indépendants. Les films sont produits et commercialisés en quelques semaines à peine, grâce à des équipements bon marché, des scripts élémentaires, des acteurs retenus le jour même, des sites de tournage en situation réelle.
En Afrique les films de “Nollywood” constituent un exemple hors-pair d’autoreprésentation médiatique. La richesse narrative des histoires du continent, amplement transmise à travers la fiction orale et écrite, est ainsi pour la première fois diffusée par les médias.
Ces histoires qui s’affichent à l’écran non seulement évoquent, mais encore elles interpellent les vécus du public ; somme toute, les personnages principaux sont des acteurs du cru, les intrigues confrontent les audiences à des situations familières, en ayant recours à maints éléments : roman, comédie, sorcellerie, corruption, prostitution. La narration tend à être trop dramatique, sans issues heureuses, au goût plutôt tragique. L’esthétique mise sur le bruit, la violence, l’excès ; rien n’est dit sans cris.
Au gré de ses déplacements en Afrique de l’Ouest, Hugo a été interpelé par ce style particulier de construction d’un monde fictionnel où s’entrelacent des éléments du quotidien et de l’irréel.
En demandant à une équipe d’acteurs et d’assistants de recréer certains mythes et symboles de “Nollywood”, comme s’ils se trouvaient sur le plateau de tournages, Hugo a entamé la création d’une réalité vraisemblable. Sa vision de l’interprétation du monde par cette industrie cinématographique débouche sur une galerie d’images aussi hallucinantes qu’inquiétantes.
Cette série de photos présente des situations nettement surréelles qui prennent pourtant une tournure réelle sur un plateau, en outre elles puisent dans l’imaginaire symbolique local. Les frontières entre documentaire et fiction deviennent assez fluides au point de nous inciter à nous demander si nos perceptions du monde réel sont bien vraies.
Federica Angelucci
Pieter Hugo est né en 1976, il a grandi au Cap où il réside toujours. Parmi ses participations à des expositions collectives, actuelles et futures, se dénombrent: “Urban Lives”, Shoshana Wayne Gallery (Californie), “All Cannibals”, Collectors Room (Berlin), “ARS 11”, Kiasma Museum of Contemporary Art (Helsinki), Mannheim Photo Festival (Allemagne) et “The Global Contemporary: Art worlds after 1989”, ZKM Center for Art and Media (Karlsruhe). Ses plus récentes expositions personnelles se sont déroulées à l’Institute of Modern Art (Brisbane, 2010), à la Yossi Milo Gallery (New York, 2010), au Le Château d'eau à Toulouse (France, 2010), à l’Australian Centre for Photography (Sydney, 2009) ainsi qu’au Foam Fotografiemuseum (Amsterdam, 2008). Quant à sa participation dans le cadre d’expositions de groupes, citons: “The Endless Renaissance”, Bass Museum of Art à Miami (Floride, 2009), “Street & Studio: An urban history of photography”, Tate Modern (Londres, 2008), “An Atlas of Events”, Fundação Calouste Gulbenkian (Lisbonne, 2007) et lors de la 27ème Biennale de São Paulo (Brésil, 2006). Le premier prix dans la catégorie Portraits du concours World Press Photo lui a été décerné en 2006. Lauréat du prix Standard Bank Meilleur jeune artiste plasticien en 2007, puis il a reçu le prix KLM Paul Huf en 2008 et le prix Découverte en 2011 lors des aux Rencontres d’Arles Photographie (France).
Federica Angelucci est née en Italie. Titulaire d’une maîtrise en science politique de l’Université catholique de Milan, elle est directrice et commissaire d’expositions de photos à la galerie Michael Stevenson au Cap (Afrique du Sud). Auparavant, elle a travaillé chez Magnum Photos à Paris ainsi que chez Peliti Associati, une maison d’éditions photographiques à Rome. Parmi ses projets les plus récents se dénombrent l’exposition "After A", dans le cadre du festival Atri Reportage (2010). Elle prépare actuellement son master d’histoire visuelle à l’Université du Cap occidental.
António Pinto Ribeiro est né à Lisbonne. Sa formation universitaire s’étend de la philosophie aux études culturelles, en passant par un cursus en sciences de la communication. Tout son travail de recherche et de production théorique, versé dans nombreuses publications de la spécialité, porte sur ces domaines-là. Il est maître de conférences auprès de plusieurs universités internationales et professeur associé à l’Universidade Católica. Outre son activité de chercheur et d’enseignant, il a un long parcours dans la programmation artistique et la gestion culturelle au titre de l’organisation de manifestations diverses - programmes, festivals et expositions – aussi bien au plan national qu’international. A l’heure actuelle, il est programmateur-général du Programme Gulbenkian Próximo Futuro/Prochain Futur.
Mais informações no site do Próximo Futuro e/ou através do email proximofuturo@gulbenkian.pt